samedi 2 février 2013

Un rendez-vous prémédité



"Garden of love". "Les harmoniques". "Toute la nuit devant nous"... Hier soir justement, à la médiathèque, même si nous n'avons pas eu toute la nuit devant nous, nous avons passé un bon moment en compagnie de l'auteur varois Marcus Malte. Un auteur classé dans la catégorie "polar" ou "littérature policière" mais qui s'oppose aux étiquettes, aux catégories, aux classements, dans la mesure où ceux-ci enferment et réduisent. A ses yeux, "polar" signifie trop souvent "sous-littérature". Bon nombre de romans classiques sont pourtant des polars, affirme-t-il, comme par exemple l'imposant Crime et châtiment de Dostoïevski, considéré comme un chef d'oeuvre de l'âge d'or de la littérature russe c'est-à-dire de la seconde moitié du XIXème siècle! 
L'écrivain secret ne goûte que modérément les rencontres publiques et préfère y parler de son oeuvre qui explore avec succès tant le roman, que la nouvelle et l''écriture jeunesse. Toutefois les gros succès éclipsent souvent les ouvrages plus confidentiels. Alors Marcus Malte insiste sur ces textes-là, moins connus mais dont il est fier, à l'instar de "Cannisses", ou de "Mortes saisons" (à partir de photos de plages abandonnées), et parus chez de petites maisons d'édition qu'il faut soutenir.
On ne saura donc pas qui se cache sous ce pseudo altier d'aventurier. Est-ce un hommage au plus petit état de l'Union européenne? On ne voit pas vraiment le rapport si ce n'est peut-être un lien à la mer qui l'inspire et lui sert de cadre au quotidien. En revanche, la 
référence au célèbre roman policier Le Faucon maltais ("The maltese falcon") de Dashiell Hammett semble plus évidente. 
A défaut d'avoir lu ce livre publié en 1929, sans doute avez-vous vu la plus célèbre de ses adaptations cinématographiques, celle du réalisateur John Huston avec Humphrey Bogart dans le rôle du sombre et cynique détective Sam Spade, non?
Passionné de cinéma et de musique, Marcus Malte, avec son allure d'acteur un brin séducteur, taciturne et las, pourrait très bien incarner à l'écran un flic désabusé. Il a préféré se tourner vers l'écriture. Et durant la rencontre, il nous a parlé de son intérêt pour l'humain, de l'importance des personnages dans un roman, du soin particulier qu'il apporte à leur composition, des personnages multiples qui l'habitent, de la schizophrénie... Mais aussi de la vanité de l'écrivain qui a la prétention d'estimer suffisamment ses textes pour vouloir les porter à la connaissance du public. Ou encore, du luxe rare de son statut d'écrivain professionnel, qui lui permet de vivre de sa plume, sachant que la rémunération d'un écrivain correspond à 5% du prix public d'un livre.  
La soirée s'achève. L'auteur qui l'a le plus marqué? Jean Giono. Au-delà de la surprise, profitons de cette réponse pour relire un auteur réduit quant à lui de façon assez commune à la description de la nature, voire du monde paysan provençal. Que l'on croit bien connaître, mais dont on néglige la portée universelle. 
Personnellement, dans l'oeuvre gionienne, j'aime Naissance de l'Odyssée pour sa langue poétique et panthéiste magnifique, ainsi que sa réflexion sur le rapport création littéraire/mensonge. 
VS

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